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INTERVIEWS

INTERVIEW AVEC MARIO SIBAJA, RÉALISATEUR ET PRODUCTEUR DE « A TWINS’ SEANCE »

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Mario Sibaja, félicitations pour « A Twins’ Seance » et pour sa sélection dans la catégorie « Meilleur super court métrage » ! Pourquoi avez-vous choisi ce format plutôt qu’un autre ?

— Merci beaucoup. Cela représente beaucoup pour moi d'être finaliste de votre festival. Je prépare actuellement une licence en musique de film au Berklee College of Music, et j'ai suivi quelques cours de cinématographie dans le cadre du programme d'études. Le travail final de l'un de mes cours consistait à réaliser un court métrage. J'ai aimé le résultat du projet et j'ai donc décidé de le soumettre à quelques festivals de cinéma. Il s'agit de mon premier court-métrage et je suis impatient de voir ce qui en ressortira.



Selon vous et si vous donnez libre cours à votre imagination, à quoi ressemblerait la suite de votre histoire ? À quoi n'aimeriez-vous pas qu'elle ressemble ?


– Honnêtement, je n'en suis pas du tout sûr (rires). J'adore composer de la musique, mais j'ai aussi l'impression de m’être trouvé une nouvelle passion pour la réalisation de films. J'aime écrire des histoires passionnantes qui ont un attrait artistique et cinématographique. J'ai hâte de créer davantage et de voir où cela me mènera.






Comment avez-vous appris votre métier ?


- J'ai beaucoup appris en faisant des recherches en ligne, mais je n'avais pas pris conscience du métier dans son ensemble, jusqu'à ce que je prenne un cours intitulé « Le langage du cinéma et de la télévision », qui m'a appris à apprécier l'aspect technique du métier. J'ai également suivi un autre cours intitulé « Introduction à la cinématographie numérique », plus pratique, et j'ai vraiment apprécié le processus d'écriture, de production et de réalisation. Avant cela, je ne comprenais pas les intentions psychologiques qui sont associées à l'aspect technique, si bien que je créais des plans sans le vouloir, simplement parce qu'ils avaient l'air cool.


J'ai appris que l'une des grandes différences entre un cinéaste amateur et un cinéaste professionnel est qu'un débutant ou un amateur crée souvent des plans sans motivation profonde. Les grands cinéastes sont intentionnels dans tout ce qu'ils font. Vous devez réfléchir au « pourquoi » de tout ce que vous voyez et entendez.


Qu'est-ce que la prise de vue communique et comment sert-elle l'histoire ? Quel type d'objectif convient à tel ou tel plan ? Pourquoi ce mouvement de caméra ? Qu’y a-t-il dans le plan et pourquoi ? Comment les éléments visuels et sonores communiquent-ils sur les personnages ? Quel est notre intention en ajoutant des éléments qui décrivent l'arrière-plan ou les intentions psychologiques des personnages ? Comment l'éclairage contribue-t-il à l'ambiance ? Qu'essayons-nous d'obtenir avec la musique et quel est le ressenti du spectateur ? Je pense que le fait d’être délibéré et méticuleux à chaque niveau améliore la qualité de l'œuvre et son impact sur le public.




Vous définissez-vous comme un cinéaste hispanophone et comment ?


- Pas nécessairement, non. Je vis aux États-Unis depuis 13 ans et j'ai eu plus d'occasions de faire des films en anglais qu’en espagnol. Cependant, je pense qu'en tant que cinéaste de langue maternelle espagnole, mes films en espagnol peuvent avoir une plus grande résonance culturelle auprès de mon public cible.


Par exemple, de la même manière qu'il serait difficile pour un cinéaste blanc de raconter l’histoire de personnages noirs, je pense que raconter les histoires de sa propre communauté sert le film, et le rend plus authentique et plus fidèle à l'histoire. Lorsque vous racontez les histoires de votre propre peuple, vous pouvez prendre des décisions plus éclairées quant à la direction du film.


Cela dit, j'aimerais continuer à faire des films en espagnol dans un avenir proche, sans bien sûr fermer la porte à la création d'histoires en anglais.



Votre histoire porte-t-elle la marque de la figure féminine ibérique, ou latino-américaine ?


- D'une certaine manière, c'est le cas, même si aucune femme n’apparaît dans le court métrage. Je disposais de ressources limitées et il était difficile de trouver des femmes hispanophones à Seattle (le lieu du tournage) pouvant jouer en espagnol avec un accent madrilène. Cela m'a obligé à modifier un peu l'histoire pour l'adapter à ce que j'avais à ma disposition. Cependant, l'histoire porte la marque d'une matriarche remarquable (la mère d'Alberto et de José). On peut voir à quel point leur mère les a influencés, car elle est au centre de leurs intentions psychologiques, même après sa mort. Leur mère est devenue plus une histoire secondaire, mais elle influence tout le film.


Je pense personnellement que l'Espagne et l'Amérique latine partagent l'idée que de nombreuses femmes sont des « matriarches », car elles sont considérées comme le moteur de nombreuses familles. La perception selon laquelle de nombreuses femmes d'Amérique latine sont considérées comme des matriarches peut être attribuée à plusieurs facteurs culturels, historiques et sociaux particulièrement importants dans ces régions. Sans tomber dans des généralisations et sachant que toutes les femmes ne correspondent pas à cette description, certains facteurs tels que les rôles de genre, les attentes, les sociétés centrées sur la famille, l'influence des sociétés matrilinéaires, la grande valeur accordée à la maternité, l'autonomisation des femmes, le leadership, les luttes historiques et la résilience - en particulier dans les familles où la figure paternelle est absente - ont contribué à la perception des femmes en tant que matriarches dans certaines communautés.


La séance des jumeaux est alimentée par cette perception. La mère d'Alberto et de José est une mère imparfaite mais très influente, car ses fils jumeaux semblent apprécier ses intentions et faire tout leur possible pour obtenir des réponses d'elle, même si elle n'est plus là.



Abhijit Naskar, auteur de The film testament, a dit : « Quel que soit votre genre de prédilection, le film romantique, la comédie, le films d’action, le mystère, la science-fiction ou autre, assurez-vous qu'il dispense avant tout une dose de bonté humaine du quotidien. » Votre art se reconnaît-il dans un genre ?


- Je décrirais « A Twins' Séance » comme un mystère classique. S'il devenait un jour un long métrage, ce serait un thriller mystérieux avec des influences de suspense empruntées au film d'horreur, sans qu’il s’agisse d’un film d'horreur.




Quels sont vos projets pour l'avenir proche ? Avez-vous des commentaires à faire sur la crise climatique et la façon dont elle affecte ou risque d’affecter le Costa Rica, votre pays d'origine ?


- J'aimerais me plonger plus profondément dans la réalisation. En tant que musicien et producteur indépendant, je connais bien les difficultés liées à la recherche de fonds pour créer des œuvres d'art. Cela peut certainement coûter cher, et plus vos projets sont complexes, plus ils coûtent cher également. Mais il y a toujours des moyens d'être créatif, et je suis impatient de voir ce que je peux faire avec les ressources dont je dispose.


Oui, j'ai des choses à dire sur la crise climatique. Je ne me considère pas du tout comme un expert en la matière, mais je sais que la crise climatique au Costa Rica est complexe et que différents facteurs sont interconnectés. Bien que le Costa Rica ait pris des mesures importantes pour lutter contre le changement climatique et réduire sa propre empreinte carbone, il est également affecté par les tendances climatiques mondiales, qui peuvent nécessiter une coopération internationale et une action collective pour les atténuer efficacement. Nous sommes notamment touchés par des phénomènes météorologiques extrêmes, des changements dans le régime des précipitations, par l'élévation du niveau de la mer, la perte de biodiversité et les défis agricoles.



Et quelle est votre vision du cinéma post-Covid ? Brève déclaration.


- Je suis tout nouveau dans le monde du cinéma, mais je sais que les studios et les distributeurs de cinéma explorent des stratégies hybrides, combinant sorties en salle et sorties numériques simultanées ou échelonnées. Cette approche leur permet de s'adresser à la fois aux cinéphiles traditionnels et au public qui préfère les options de diffusion en continu (streaming). Mon but n’est pas le profit, et j'explore le métier simplement parce que je l'aime. Ce n'est pas un secteur dans lequel on s'engage pour gagner de l'argent. Du moins, pas avant d'avoir un contrat avec un grand studio.


Je pense que la plupart d'entre nous qui réalisons des films indépendants aimons simplement l'art et sommes passionnés par le métier. Je sais que de nombreux cinéastes indépendants ont dû relever des défis considérables pendant la pandémie. J'espère que le cinéma post pandémie restera concentré sur le soutien et la promotion des films indépendants, éventuellement par le biais de plateformes de diffusion en continu et de festivals en ligne. Je dirais que l'une des bonnes choses qui est ressortie de la pandémie est qu'elle a souligné l'importance d'une narration diversifiée et inclusive. Le cinéma de l'après-covid pourrait voir un effort continu dans le sens d’une représentation plus diversifiée devant et derrière la caméra.




BIO

Mario Sibaja

Réalisateur & Producteur





Mario Sibaja est multi-instrumentiste, producteur et compositeur de musique, et cinéaste basé à Seattle, Washington et originaire du Costa Rica.

Il fréquente actuellement le Berklee College of Music, où il se spécialise dans les musiques de film. Mario travaille dans de nombreux domaines sur une variété de projets et est toujours à la recherche de nouvelles opportunités excitantes qui l'obligent à sortir des sentiers battus. Mario aime appliquer sa créativité musicale et repousser ses propres limites, en associant dans un mariage parfait ses visuels soigneusement élaborés et son expérience en matière de conception sonore.


FILMOGRAPHIE


A Twins Séance (2023): Auteur, producteur, acteur, compositeur, concepteur du son, metteur en scène.



LIENS PROMOTIONNELS


SITE WEB OFFICIEL

INSTAGRAM @atwinsseancefilm




© ITV 2023 Isabelle Rouault-Röhlich

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