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INTERVIEWS

INTERVIEW AVEC A. BUDOVSKY, J. HAAS, A. KEPE HAAS & WALTER WEST, POUR « ALGORITHM TAKEDOWN »

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C'est pour des moments comme celui-ci que nos Q&A existent, pour rendre hommage à des artistes hors pair, pour aller au fond de leurs intentions et de leur sens de l'objectif. Un tonnerre d'applaudissements pour cette vidéo incroyable ! Elle est tellement groovy, bien qu'elle traite d'un sujet sérieux qui concerne tout le monde sur la planète ! Vous avez décrit exactement ce que nous vivons tous au quotidien ! Et pourtant, cela continue. Ou plutôt, NOUS continuons ! Comment cela se fait-il ? Va-t-on un jour mettre un terme à cette bataille de l'information de bas étage ?


Jonathan Haas, Anna Kepe : « La sensibilisation et la prise de conscience de l’opinion publique permettent de freiner cette évolution lorsque cela devient vraiment grave. Algorithm Takedown (AT) est sensé encourager le dialogue. »


Alex Budovsky : « L'histoire se répète comme si c’était une farce. Si nous n'apprenons pas la leçon, nous devrons à nouveau faire face à cette situation un jour ou l'autre. »


Walter West : « Honnêtement, les étapes nécessaires pour restaurer les bases de l'humanité et de la conscience à l'échelle mondiale semblent impossible à réunir. Étant donné que la plupart des gens se complaisent dans leur routine quotidienne, la MEILLEURE approche pour parvenir à un changement est que chacun se concentre sur son propre développement personnel, faire de son mieux pour être une source d'inspiration pour ceux qui nous entourent. »







Quelle est l'histoire de cette fabuleuse collaboration particulièrement fructueuse entre Lenny White, compositeur, Alex Budovsky, créateur d’animations, Jonathan Haas, interprète, et Anna Kepe Haas, productrice ? Comment vous êtes-vous rencontrés ? Comment ce projet a-t-il été possible ? Et comment avez-vous décidé d'utiliser les paroles écrites et interprétées par Walter West ? Dites-nous tout !


Jonathan Haas, Anna Kepe : « J. Haas a exploré les timbales dans de nombreux domaines musicaux rares. Pendant la pandémie, J. Haas s'est plongé dans le hip-hop et en est ressorti avec l'envie d'intégrer les timbales à cette forme d'art. Lenny White était le compositeur idéal pour écrire le morceau et il avait déjà travaillé avec Walter West, d'où la bande son. Haas avait travaillé avec Budovsky, il y a 20 ans, dans le cadre d'une collaboration cinématographique au Festival de musique d'Aspen et, une fois la bande sonore d'AT achevée, Budovsky a semblé le collaborateur parfait pour l’aspect visuel de la musique. »


Alex Budovsky : « Jonathan Haas m'a contacté en septembre 2022. Il connaissait mon travail depuis 20 ans et avait gardé à l'esprit une idée de collaboration pendant toutes ces années. Lorsque le moment est venu de réaliser une animation pour le morceau Algorithm Takedown, il est venu me trouver et m'a proposé ce travail. Cela m’a convaincu et j'ai accepté de participer. En 2010, j'ai quitté New York, où j'avais vécu pendant 16 ans, pour m'installer à Bogota. Je reviens habituellement une fois par an, en général en septembre, ce fut donc le moment idéal pour rencontrer Jonathan lors de ma visite à New York. Nous nous sommes rencontrés devant l'université de New York où il enseigne, et nous avons discuté de nos futurs projets. Au printemps de l'année suivante, le travail d'animation était terminé. Jonathan est la seule personne de l'équipe que j'ai rencontrée en personne. J'ai rencontré Anna Kepe, Lenny White et Walter West uniquement sur Zoom. »



Quels sont vos projets pour Algorithm Takedown ?


Jonathan Haas, Anna Kepe : « tout simplement sa distribution à l’international, pour porter la bonne-parole à travers le monde entier !!! »









Depuis Grandmaster Flash et The Message, année zéro de la critique hip-hop, où le hip-hop a montré qu'il pouvait être utilisé comme un puissant instrument de diatribe sociale, et plus précisément depuis les années 2000, le rap, le trap et le drill d'origine américaine, avec des paroles et des sons qui se sont répandus dans toutes les capitales, de New York à Londres en passant par Stockholm et Séoul, traitent principalement du trafic de drogue et de la criminalité de rue. Ne pensez-vous pas que ce serait génial si le hip-hop pouvait frapper un grand coup en pointant du doigt les plus gros problèmes de la société. Ou bien est-ce déjà le cas ? Un tel mouvement existe-t-il déjà ?


Jonathan Haas, Anna Kepe : « AT espère s’associer à un message de paix et d’harmonie par l’intermédiaire d’un dialogue et d’un message porteur. »


Walter West : « Je pense qu'il existe de nombreux rappeurs grand public qui trouvent un écho auprès d’un public doté d’une conscience, mais les masses ont été conditionnées à suivre le tape-à-l'œil, la « tendance ». L'attrait des vêtements de marque, des grosses voitures et de la richesse acquise par des moyens illégaux est le sujet de prédilection des artistes depuis aussi longtemps que je m'en souvienne. Sachant cela, certains sont en train de changer la donne : J.Cole, Kendrick, Ab-Soul, Nipsey Hussle (R.I.P), Big KRIT et Lupe Fiasco, pour n'en citer que quelques-uns. »



Cette question se rapporte à la précédente. Le rap est-il toujours le son controversé de la jeunesse à l’échelle planétaire ?


Jonathan Haas, Anna Kepe : « C'est le récit d'une « vérité » qu’on ne peut pas ne pas dire. »


Walter West : « Les médias ont tendance à se concentrer sur le contenu le plus négatif du genre, ce qui explique pourquoi il est vu comme « controversé », pour ainsi dire. En réalité, TOUS les genres musicaux regorgent d'artistes contestataires, mais comme le rap touche un large éventail d'auditeurs, il est plus facile de se focaliser sur ce genre musical plutôt que sur un autre. »







Vos paroles sont incroyablement percutantes, alors nous avons deux questions sur le choix des mots. Nous n’avons pas pu résister à cet exercice !


“Take away the lights and the likes all the apps and the sights are the wrongs with your rights, and the praise

Take away the clothes and the shows and the superficial goals and the way that which your soul really weighs

Take away the memes and the streams, the machines the regimes and the screens telling lies like they’re true

Take away the greed and the need to impede and mislead and in the end the only thing left is you”

(…)

“Are you living or ‘re you really just surviving, or you driving or ‘you really just conniving, if peace comes at the cost then I'm buying; This world's get rich or die trying — I’ve seen a man lose his soul trying to chase fame but all the money in the world won't erase pain —Sometimes you go crazy trying to stay sane, but inner peace is the part you gotta maintain”

“Are you living or you really just surviving, are you driving or you really just connive if peace comes at a cost that I'm buying —In this world is get rich or die trying, I’ve seen a man lose his soul trying to chase fame, but all the money in the world won’t erase pain —Sometimes you'll go crazy trying to stay sane, but inner peace is the part you gotta maintain”


Vous parlez du potentiel de manipulation des réseaux sociaux, de l'engouement croissant pour le personal branding notamment, et de la douleur de vivre dans un monde matérialiste, sans échappatoire en vue. Vous voulez bien nous en dire plus ?

Vous abordez également la question de la qualité de vie, de la perte de valeurs, de l'estime de soi et de la santé mentale. Nous parlons ici des fondements de notre société n’est-ce pas ?


Jonathan Haas, Anna Kepe : « La musique et le film notamment d’animation sont la mémoire de la condition humaine. Lorsqu’image et son sont synchronisés, tous les sens entrent en jeu et c’est là l’objectif et la mission d’AT. »


Walter West : « Je parle de mon expérience personnelle et de mes observations de ce que les autres vivent également. J'écris des chansons depuis 15 ans. J'ai vu des gens se perdre dans la poursuite de la célébrité et de la richesse. Un certain nombre de personnes avec lesquelles j'ai grandi ont perdu leur sens commun en essayant de s'assimiler à toute tendance susceptible selon eux de leur apporter une impression de notoriété. La consommation ostentatoire n'a jamais été aussi importante. Tout ce que je veux, c’est que les gens recommencent à être eux-mêmes et cessent d'être ainsi en quête perpétuelle de reconnaissance. »



“Welcome to the algorithm takedown. The dopamine rushes like the tall tide as we hang up on the truth just to call lies — Dark thoughts got my mind spinning like bald tires, but you know trash only draws flies — they don't wanna see you winning they would like to see you broke — hey this used to be me dirty now they lather me in soap — this fraud of broken dreams is doing bad and neither hope — Got to have a sense of humor, this has just to be a joke (…) You’re born and you get taxed just to breathe air —

Something's gotta change, something's gotta give — we just want to drive we just want to live — we can't keep on suffering, the people had enough of it

Let's overcome the struggle and then get back to the bank again”.

Quel est votre point de vue sur ce qu’a été la crise des « subprimes » (la crise financière de 2008) ? Le crédit est-il le joug des temps modernes ? S'agit-il d'une version du 21e siècle de la négation de la liberté ? Et diriez-vous que ces questions sont devenues encore plus pressantes depuis la pandémie ?


Jonathan Haas, Anna Kepe : « le mythe de Sisyphe” est ici le point de départ. Le message d’AT peut être réduit aux problèmes immédiats et présents auxquels nous sommes confrontés en tant qu’êtres humains contraints de naviguer à vue dans un monde complexe et imprévisible. Que nous soyons dans une situation postpandémique ou non, le message ne pourrait être plus réel et palpable.


Walter West: « La crise des subprimes a, espérons-le, attiré l'attention sur les dangers de l'endettement et l'importance de l'éducation financière. Elle a également démontré la facilité avec laquelle le crédit peut être utilisé pour exploiter des individus déjà en difficulté financière. Je pense que les écoles devraient dispenser davantage de cours d'éducation financière aux jeunes. Depuis le début, l'endettement a donné aux banques et divers organismes prêteurs trop de pouvoir sur la vie des gens. Je dirais sans hésiter que ce problème s'est aggravé depuis la pandémie. »






Nous aimerions beaucoup en savoir plus sur vos projets à venir ?


Jonathan Haas, Anna Kepe : « AT cherche à atteindre un public mondial et à poursuivre le dialogue, par le biais de la musique et de l'animation, en éveillant les consciences sur d'autres questions complexes et importantes sur la terre. »



Votre vision du cinéma post-Covid ? Une brève déclaration.


Jonathan Haas, Anna Kepe : « Le CPC continuera à être le témoin de l'expérience humaine, comme il l'a fait et continue de le faire après une guerre, une famine ou un cataclysme terrestre. »


Alex Budovsky : « Au début, je pensais que les cinéphiles passeraient aux plateformes de streaming à l’issue de la pandémie, mais j'ai changé d'avis. Je pense que les vrais fans continueront à aller voir des films en salle, comme ils l’ont toujours fait. C'est une expérience irremplaçable de voir un film sur grand écran, et aucun écran de télévision, d'ordinateur ou de smartphone ne peut supplanter le grand écran. La pandémie était une sorte de test et je pense que les vrais fans de cinéma l'ont passé avec brio. Il est probable que les gens iront même voir les films au cinéma en plus grand nombre qu'avant 2020. »




BIO

Alex Budovsky, créateur d'animations





De 2002 à aujourd’hui : créateur de films d’animation, producteur et réalisateur de vidéos, d’animations à vocation pédagogiques pour le jeune public, de courts métrages indépendants et de publicités commerciales. Les courts métrages indépendants ont été récompensés par des prix dans le monde entier, notamment aux festivals de Sundance, de Tribeca et au Festival du film de Floride. Né à Leningrad, Union soviétique, en 1975, Alex s’est installé à New York en 1994. Diplômé de Brooklyn College en 2000, il a commencé sa carrière dans l’animation en 2002. Il vit à Bogota, en Colombie, depuis 2010.



FILMOGRAPHIE


Animations vidéo :

"Bathtime in Clerkenwell" (2002). 3min 15 sec.

Last Time in Clerkenweell” (2007, 3 min. 55 sec)

Jukebox” (2 min. 50 sec.), 2006

"Return I will To Old Brazil" (4 minutes), 2005

Middle Class Hell” (2010, 2 min. 50 sec)

Batteries” (2012, 1 min. 58 sec)

Plus seven-minus seven” (2013, 2 min. 43 sec)

“Fixies Chistmas song”


Courts métrages indépendants :

The Royal Nightmare” (2008, 3 min. 50 sec)

Flagged” (2009, 50 sec)

Sightings & Sightseeing” (2012, 3 min. 10 sec)

Choo Choo” (2014, 3 min. 25 sec)

“Brooklyn Breeze” (2017, 4 min 08 sec)


En sélection officielle aux festivals :

Festival Light (Kiev) 2018 Kiev International Short Film Festival (2019) Celtic Animation Film competition 2018 (Liverpool, GB) ReAnimania International Animation Film festival 2018 (Erevan, Arménie) Cardiff International Film Festival 2018 (Cardiff, GB) Les Films de la Toile 2018 (France) TAF Thessaloniki Animation Festival 2018 (Grèce) Anima (Bruxelles 2018) Suzdal Animation Film Festival 2018 Shtuttgart Animation Film Festival 2018 Annecy 2018 (France) 7 Petits Cailoux (France) Taichung International Animation Festival 2018 (TIAF, Taichung, Taiwan) Filmets Badalona Film Festival 2018 (Barcelone) Window to Europe (Viborg, Russie 2018) Ottawa (Canada, 2018) Krok 2018 (Russie) Multivision Festival 2018 (Russie) Big Cartoon Festival, Cinekid International Film Festival (Amsterdam) Big Eddy Film Festival (Narrowsburg, NY ) Martha’s Vineyard International Film Festival (USA) Milano Film Festivaliano (Italie) Athens international Children’s Film Festival Queen Palm International Film Festival (QPIFF) New York International Children's Film Festival 2019 Festival de Cine Great Rivas (Espagne, 20019).


Prix remportés :

« Diplôme » du Festival du film d'animation de Suzdal.

Prix national de l’animation “Ikarus” en tant que Meilleur film dans la catégorie « Animation appliquée ».



LIENS PROMOTIONNELS






© ITV 2023 Isabelle Rouault-Röhlich

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