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INTERVIEWS

INTERVIEW AVEC ERIN MACKELLIN, RÉALISATRICE ET SCÉNARISTE DE "THE_FISHBOWL"

TES







Erin Mackellin

Réalisatrice & Scénariste




BIO


Erin Mackellin, réalisatrice, est basée à Melbourne, en Australie. Enfant, elle s'est prise de passion pour le cinéma en filmant avec son Kodak Easyshare, et a ensuite réalisé des courts métrages sur de petites caméras numériques de poche en montant ensemble les séquences. En 2019, Erin obtient son diplôme “Screen & Media” à Footscray City Films. Tout au long de ses études, Erin a écrit, réalisé et monté ses propres courts métrages.


Son court-métrage The_Fishbowl a remporté le Prix du Meilleur film scientifique et technologique au CWFF et celui du Meilleur récit original aux Los Angeles Film Awards. Le film a également été nommé pour la Meilleure réalisation et le Meilleur montage au Busan New Wave Short Film Festival, et pour la Meilleure conception sonore au Korea International Short Film Festival.


Tout en développant son portefeuille en tant que scénariste/réalisatrice, Erin travaille également comme scénographe. Erin a réalisé les décors du pilote de la web-série Lucky Boy, partie de la Sélection officielle du festival de Melbourne, et du festival Lift-Off de Sydney. Au cours des cinq dernières années, elle a travaillé comme Chef déco sur plusieurs courts métrages et clips musicaux, et comme assistante décoratrice sur des courts et longs métrages.


Son travail est axé principalement sur la jeunesse, la nostalgie, le drame et la comédie, mais Erin est ouverte à l'expérimentation d'autres genres.





Bonjour Erin, merci pour ce magnifique court métrage. Diriez-vous que le cinéma est votre forme d'expression préférée ?


Bonjour ! Merci beaucoup pour cette entrevue. Le cinéma a toujours été pour moi un moyen d'explorer et de m'exprimer. Je pense que la magie du cinéma consiste à recréer la vie en utilisant son imagination. Il m'est parfois difficile de communiquer une idée avec des mots, alors le cinéma est un espace qui me permet d'illustrer ce qui se passe dans mon esprit.


Je suis tombée amoureuse du cinéma quand j'étais enfant et la petite Erin serait certainement fière que j'aie créé mon propre petit film. J'avais l'habitude de filmer beaucoup quand j'étais plus jeune, des choses au hasard, et de monter les séquences sur iMovie et Windows movie maker. Je ne planifiais pas grand-chose, je me laissais porter. Au fil des ans, j'ai acquis de nouvelles compétences en matière de réalisation (et je vais continuer à apprendre), mais je veux conserver la passion et la simplicité que j'avais plus jeune. Je pense qu'il est important de se sentir libre lorsqu'on pratique un art. Si je réfléchis trop, ou si je m'inquiète trop de ce que le public va penser, cela enlève un peu de joie. C'est pourquoi j'essaie de retrouver cet état d'esprit d'enfant, tout en écrivant et en réfléchissant sur des sujets qui m'intéressent.


Bien que la réalisation d'un film soit cathartique et me permette d'explorer qui je suis, il y a un risque que le public n'aime pas le concept. Vous laissez voir vos vulnérabilités, et ce qui vous paraît important peut sembler insignifiant au public; il y a donc un certain risque à écrire sur quelque chose de personnel.

Parfois, je rêve éveillée, puis je pense à la façon dont ce moment pourrait fonctionner dans un film. Je suis fortement inspirée par les événements. Vous savez, ces petits moments magiques et fous qui se produisent quand on s'y attend le moins, quelque chose que l'on verrait dans un film. Parfois, je vois les choses comme à travers l'objectif : des motifs, des métaphores… On peut vraiment écrire sur n'importe quoi et presque tout explorer; c'est la magie du cinéma !






Votre histoire semble poser des questions sans apporter de réponses définitives. Êtes-vous d'accord avec cette affirmation ?


Le discours sur la technologie, les smartphones et les réseaux sociaux est en constante évolution. Il y a les personnes de la vie réelle et les personnages en ligne. C'est un peu déroutant, nous mélangeons le monde réel avec les personnalités en ligne, qui sont censées refléter notre monde réel. Mais quelle est la part de vérité ? Il s'agit en grande partie d'un processus de sélection et d'omission.


La technologie a rendu la communication plus efficace et c’est incroyable de voir à quel point elle a progressé. Elle fait désormais partie intégrante de notre vie, et nous ne pouvons pas imaginer notre vie sans elle. Nous ne sommes même pas conscients de nos habitudes. The_Fishbowl m'a permis d'explorer la manière dont ces habitudes affectent notre vie quotidienne. Je ne trouve pas les médias sociaux ou les smartphones "mauvais"… Si c'est un problème, il ne va pas nécessairement se régler, car il fait partie de ce que nous sommes aujourd'hui. Cependant, je pense vraiment que nous devrions être conscients de nos habitudes et de la manière dont elles peuvent affecter notre santé mentale.


L'un de nos personnages fait une rechute après avoir suivi une cure de désintoxication, ce qui montre que ce problème est permanent et que c'est vraiment à l'individu de choisir l'étendue de l'influence de cet univers en ligne sur sa vie personnelle. Pouvons-nous réellement revenir à une époque antérieure aux téléphones ? Pouvons-nous même l'imaginer ? Je pense que notre génération a été assez déroutée en grandissant pendant ce grand changement ; l'adolescence est déjà assez déroutante, alors ajouter cette dimension à nos vies a définitivement posé la question d’ "à quoi la jeunesse est-elle censée ressembler ?" C’est facile pour les gens de dire "Oh, ne va pas sur ton téléphone, va et expérimente les merveilles de la vie". C'est plus facile à dire qu'à faire, surtout quand on grandit dans cette culture en ligne.


C'est comme si cette autre dimension était en quelque sorte liée à la nôtre, mais qu'elle n'existait pas physiquement (enfin... c'est un autre débat, pour une autre fois, haha). Tout se trouve dans ce petit appareil de poche, il contient tellement d'informations. Je voulais simplement explorer ces personnages, leurs idiosyncrasies, et illustrer certains archétypes des réseaux sociaux sans essayer de résoudre quoi que ce soit. J'espère que les gens pourront s'identifier à eux d'une manière ou d'une autre. Les personnages qui se font admettre dans l'établissement y sont probablement allés avec l'idée qu'ils pourraient vivre sans leur téléphone, qu'ils allaient "guérir" de leur addiction. Je ne sais même pas ce que nous sommes censés faire, où nous sommes censés aller, mais je pense qu'il est important de prendre conscience de l'impact de ces petits appareils sur nous. C'est un peu l'objectif de The_Fishbowl, de donner un aperçu de ce qui se passe.





Avez-vous entendu parler de jeunes qui sont allés en cure de désintoxication à cause de leur dépendance à leur téléphone ou aux réseaux sociaux ? Si oui, que pouvez-vous nous dire de ce que vous savez de leur expérience ?


Non, je ne connais personne qui soit allé en cure de désintoxication pour de telles raisons. Toutefois, il est courant que ceux qui suivent une cure de désintoxication réduisent au minimum l'utilisation de leur téléphone. Lors de mes recherches, je me suis également renseignée sur les retraites sans technologie.


J'ai regardé plusieurs films dans lesquels les personnages vont en cure de désintoxication et n'ont pas accès à leur téléphone, mais ce n'est pas nécessairement la raison pour laquelle ils sont là. Dans la vie réelle, je ne connais que des gens qui décident de partir en vacances et de ne pas utiliser leur téléphone (en général, cela ne dure pas très longtemps). Personnellement, j'ai tenu plus d'une semaine sans réseaux sociaux. C'était vraiment agréable, mais j'étais un peu anxieuse à l'idée de retourner dans le monde numérique et de devoir rattraper tout ce qui s'était passé. Aujourd'hui, j'essaie de ne pas faire de pause trop longue car il y a de plus en plus d'informations sur Internet et j'ai peur de rater quelque chose si je ne consulte pas mon téléphone. Je pense que c'est le cas pour beaucoup de gens. Nous ne sommes pas toujours conscients que nos petits appareils de poche contiennent tant de puissance et d'informations ; nous les faisons défiler dès le réveil, au coucher, lorsque nous sommes avec des amis, lorsque nous mangeons au restaurant, nous prenons des photos de tout ce que nous faisons et nous les téléchargeons sur nos pages.


Parfois, ces informations sont trop envahissantes et j'ai l'impression de ne pas vraiment " vivre ", d'être un peu coincée dans une bulle, de nager dans un aquarium. J'ai l'impression qu'il y a tellement d'applications que cela peut devenir une dépendance. Publier ce que vous avez mangé pour le dîner, analyser à l'excès qui a vu votre story, " Oh la la, je me demande ce qu'ils ont pensé ", alors qu'il y a de fortes chances qu'ils l'aient survolée et soient passés à autre chose. Nous avons également ce problème avec les messages " vus ", où nous ne pouvons pas laisser les gens sur " vus ", sans qu’ils imaginent le pire. Non, je ne connais personne qui ait dû suivre une cure de désintoxication pour ce type d'addiction, mais je sais que le monde numérique est une cause d'anxiété et de dépression chez les jeunes.


Cela peut sembler dramatique, mais beaucoup de gens de mon âge sont en proie à des anxiétés à cause de l'utilisation de leur téléphone, et sont victimes de symptômes en cas de sevrage. Les réseaux sociaux sont parfaits pour communiquer, trouver de l'inspiration et, bien sûr, des MEMES ! Mais c'est un peu un paradoxe : on peut être tellement connecté aux gens et partager des intérêts communs, et pourtant se sentir si seul.






Nous apprenons que l'histoire se déroule en 2019. Pourquoi avoir choisi cette année précisément ?


J'ai écrit The_Fishbowl en 2019. Tout s'est passé à ce moment-là. Lorsque j'ai lancé l'idée, l’histoire devait se dérouler dans le futur, probablement vers 2021. Mais je voulais m'en tenir à l'époque que je connaissais. Je savais que le film pourrait être adapté dans quelques années, même si la culture moderne évolue toujours rapidement : les tendances, la langue que nous utilisons, la mode, la musique, etc. Il était donc important que le film reflète fidèlement le contexte dans lequel j'écrivais (2019). S'il se déroulait un peu dans le futur, il y aurait eu le risque que les personnages disent ou fassent des choses qui seraient perçues comme dépassées. Je pense que c'était une décision importante, car l'un des principaux objectifs du film est de "rester pertinent dans la société".





Qu'avez-vous appris au cours du processus de réalisation de The_Fishbowl que vous souhaiteriez partager avec des cinéastes débutants ?


Il m’a fallu deux ans pour réaliser ce film. Le processus a été long, principalement à cause de la pandémie qui a rendu les choses encore plus difficiles. J'ai eu beaucoup de mal à rester motivée. Je visionnais le montage pendant de longues périodes et sans recevoir de commentaires, je ne savais pas où aller. J'étais trop gênée pour partager les différentes étapes avec mes pairs. Il est important de se rappeler qu'un brouillon est un brouillon et non la version finale. Je m'attendais à ce que le premier jet devienne le montage final, ce qui m'a amenée à procrastiner. J'ai appris qu'il n'y avait pas de mal à faire des erreurs, que les choses prennent du temps, et je suis heureuse de ne pas m'être précipitée. Si vous n'avancez pas, faites une pause et revenez plus tard, ou demandez à quelqu'un d'autre d'avoir un regard neuf sur le projet.


Il en va de même pour l'écriture du scénario et le processus de préproduction. Pendant l’écriture de ma première version, j'avais l'impression d'essayer d'écrire un long métrage, j'avais toutes ces idées folles. Je crois qu'il est important de commencer petit et de progresser, pas à pas. Concernant le processus de production, j'étais très nerveuse à l'idée de réaliser car d'habitude, j'assistais les films de mes pairs. Cette fois-ci, ce sont eux qui m'assistaient et j'étais un peu dépassée, parce que nous faisions mon film. N'oubliez pas que votre équipe est là pour vous aider et si vous êtes un peu nerveux, rappelez-vous pourquoi vous faites ce film.



Dans d'autres parties du monde, nous avons eu le sentiment que les mesures de confinement prises en Australie étaient particulièrement drastiques. Selon vous, quel a été l'impact de ces mesures sur votre génération, que ce soit en termes de santé mentale ou autres (relations, tous types confondus ; utilisation des réseaux sociaux...) ?


Il ne fait aucun doute que les confinements chez nous ont été radicaux. Nous avons dû nous adapter. Je ne peux parler que de ma propre expérience.


Bien sûr, il y a eu une augmentation de l'utilisation des réseaux sociaux et un plus grand besoin de recourir plus fréquemment à nos personnalités en ligne pour rester en contact avec nos amis et notre famille. Parce que nous avons été enfermés pendant un certain temps, nous avons dû faire preuve d'une grande créativité dans notre façon d'interagir. Mes amis et moi regardions des films en ligne et en partage d’écrans. J'ai même assisté virtuellement à des événements et des concerts. Même si ceux-ci n'ont pas été à la hauteur des événements réels, je trouve assez impressionnant que les gens aient été aussi créatifs, avec si peu de ressources. Pendant les confinements, j'ai aussi eu l'impression de pouvoir ralentir et d'être plus créative dans mon écriture. J'ai eu du mal à éditer mes textes, mais mes amis ont pu m'aider grâce au partage d'écran et aux appels vidéo.


Pendant les confinements/la pandémie, de nombreuses personnes de ma génération ont dû se convertir à l'apprentissage en ligne. Et ça n'est pas pour tout le monde. Tout le monde ne veut pas apprendre à travers un écran, certains ont besoin d'une interaction réelle. Nous étions dépendants de nos téléphones et utilisons encore de nombreux outils électroniques aujourd'hui. L'apprentissage en ligne existe toujours, de nombreuses personnes travaillent à domicile, aujourd’hui vous allez au restaurant et vous scannez un QR code pour passer votre commande. Même chose pour les rendez-vous médicaux, vous pouvez discuter avec votre médecin par vidéo, il vous envoie une ordonnance électronique. Encore une fois, ce n'est pas pour tout le monde, mais c'est formidable qu'il y ait des options.


J'ai l'impression que la technologie est l'un de ces sujets où il y a tant de pour et de contre, qu'il est vraiment difficile de savoir ce qui est "bien" et "mal", ce qui est "normal" et ce qui ne l'est pas. C'est vraiment différent pour tout le monde. Certaines choses peuvent fonctionner pour vous, mais pas pour d'autres. Je pense qu'il est essentiel d’avoir des options. Certains préfèrent le QR code pour passer une commande, d'autres adorent sortir et être en interaction. Tout le monde ne peut pas tout faire en ligne. Il faut trouver un équilibre entre la vie réelle et le monde virtuel.

La technologie progresse rapidement, elle est en constante évolution et ce changement virtuel massif est compliqué. Quelqu'un sait-il vraiment ce qui est "normal" ? Je pense qu'il y a beaucoup de confusion parce que tout cela est très nouveau pour nous.





Quel sera le sujet de votre prochain film ?


Je suis en court d’écriture de plusieurs projets. Une mini-série, un long métrage. Des projets à très long terme. Je déteste forcer les idées, alors je vais prendre tout mon temps. Je pense toujours au long terme, mais j'ai vraiment envie de faire d'autres courts-métrages !

Je ne veux pas “ spoiler ”, mais disons que j'ai beaucoup lu sur le cosmos et la notion d'univers multiples. J'aime réfléchir sur le monde, mais je veux aussi explorer des choses qui ne sont pas nécessairement considérées comme " possibles " dans cet univers. Je pense que c'est ce qui est amusant dans la réalisation de films : partir à l'aventure et explorer les " et si…? ".



Short statement describing your vision of the post-covid cinema, do you think there will be notable changes?


I think without a doubt the pandemic has had a massive impact on the film industry and arts in general. I believe we will see more experiences and stories reflective from such a drastic period through film. I believe there are many new ideas to ponder on.


The pandemic has also changed the reception context of watching films. More and more people are viewing films from the convenience of their own home or wherever they want.


From my own personal experience from making The_Fishbowl, the pandemic definitely extended the post production process. I didn’t think I would ever complete the film. However, it allowed me to slow down and not rush.



Décrivez brièvement votre vision du cinéma post-pandémie. Pensez-vous qu'il y aura des changements notables ?


Il ne fait aucun doute que la pandémie a eu un impact massif sur l'industrie cinématographique et les arts en général. Je pense que nous verrons plus d'expériences et d'histoires reflétant une période aussi drastique à travers le cinéma : il y a beaucoup d'idées nouvelles sur lesquelles réfléchir.


La pandémie a également modifié le contexte de réception des films. De plus en plus de gens regardent des films depuis leur domicile ou n'importe où.


Concernant mon expérience personnelle de la réalisation, avec mon film The_Fishbowl, la pandémie a définitivement prolongé le processus de post-production. Je ne pensais pas pouvoir jamais terminer le film ! Cependant, cela m'a permis de ralentir, de ne pas travailler dans la précipitation.




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