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INTERVIEWS

INTERVIEW DE SHIHAN SHOUKATH (SCÉNARISTE-RÉALISATEUR) ET D'ISHAN SHOUKATH (ACTEUR) POUR "DEADLINE"


Édition Juillet 2022





INTERVIEW



Merci Shihan Shoukath pour ce superbe court métrage. Comment l'idée de l'intrigue a-t-elle germé dans votre esprit ?


L'idée de "DEADLINE" m'est venue à l'esprit à la suite de recherches approfondies sur les traumatismes et du visionnage de films dans lesquels les personnages utilisent de nombreux mécanismes de défense pour gérer une perte. La façon dont quelqu’un peut faire face à un traumatisme revêt des formes à la fois très complexes et variées.

En tant que conteur, il est donc important de décider s'il faut faire ressortir les émotions du personnage et les mettre en lien avec public, ou s'il faut élever l'histoire dans un monde imaginaire où le public compatit avec le personnage.


Pier Paolo Pasolini a dit un jour "Être mort ou être vivant, c’est la même chose". Comment cela résonne-t-il pour vous, dans le contexte de votre film ? Et qu'est-ce que cela vous évoque en termes de ce que le cinéma "peut" faire ?


Pasolini, avec cette phrase profonde, entre en résonance avec moi et avec l'intrigue de notre film. Il insinue que la vie n'acquiert un sens que lorsque l’on meurt ; avant ce moment, elle est incompréhensible, ambiguë ou suspendue. Cela se répercute clairement sur tous les "personnages" du film, qui prennent conscience de la signification de leur, de l'importance de notre passage sur Terre jusqu’à ce qu’en un instant, il soit perdu.


Une question pour Ishan Shoukath - Ishan, quelle technique avez-vous utilisée pour construire votre personnage ? Comment vous êtes-vous relié à son expérience ?


Je pense pour un acteur comme moi, jouer un rôle comme celui-ci requiert des qualités particulières - la capacité d'observer, d'interpréter les comportements, les expressions, les tons. Il est également utile d'avoir de bonnes compétences interpersonnelles, pour pouvoir éprouver les différentes émotions que traverse le personnage. La technique Meisner, en particulier, me vient à l'esprit : il s'agit de vivre sincèrement dans des circonstances imaginaires données. Parce que le scénario est centré sur un seul personnage tout le long du film, il est essentiel de s’y plonger et de canaliser les émotions comme si vous étiez vous-même le personnage, aussi difficile que cela puisse sembler.





Une question pour Shihan et Shoukath - Le film a été réalisé en une nuit. Parlez-nous de cette expérience, du point de vue du réalisateur et de celui de l'acteur.


Shihan Shoukath : Du point de vue du réalisateur, il faut trouver l'équilibre parfait entre la qualité de la production, le budget et le délai imparti. Le nom « Guerillaman Productions » vient du « guerilla filmmaking », qui se traduit approximativement par des productions à budget zéro - et je m'épanouis dans ce genre de productions. Pour ce projet, j'avais prévu de tourner en une seule nuit afin de ne pas perdre en qualité et en cohérence.

J'ai également constaté que travailler avec des décors minimalistes et de petites équipes permettait à chaque membre de l’équipe de s'aligner sur votre vision du film mieux qu'il ne le ferait dans d’autres conditions.


Ishan Shoukath : C'était mon premier rôle; le fait qu'il y ait une synergie parfaite entre le scénario, le réalisateur et moi-même m'a aidé à canaliser toutes les émotions comme nous le désirions, ce qui a permis de terminer le tournage en une nuit. Ne vous méprenez pas, la pré-production et l'écriture ont pris des mois à l'équipe. Heureusement, l'expérience antérieure de l'équipe sur des projets institutionnels, où l’on travaille avec budgets et deadlines, m'a aidé à désamorcer les difficultés.


Shihan, que pensez-vous de la série Black Mirror ? Pourriez-vous créer un épisode pour cette série ?


C'est une excellente question. Je suis fasciné par Black Mirror. Nous traversons une période où l'on cherche à savoir ce qu'il y a dans la tête des gens. On nous présente des extrêmes, mais je pense que le monde semble plus polarisé qu'il ne l'est en réalité.

Le progrès technologique est inévitable et la série nous fait réfléchir davantage aux personnages : je ne pense pas qu’elle présente nécessairement des avertissements sociétaux, je la vois comme la description ironique d'un univers parallèle où ces concepts prennent vie. J'adorerais pouvoir demander aux créateurs comment ils exécutent ces concepts à l'écran comme ils le font, et leurs représentations m'inspirent certainement à imaginer de tels concepts moi-même.




Que pensez-vous tous les deux de l'impact de la crise du Covid sur la santé mentale de la population en général ? S'agit-il d'un problème mondial ?


Il est important de reconnaître que nos craintes et nos inquiétudes sont une réaction normale à une situation anormale telle que cette pandémie mondiale. Dans une situation comme celle que nous vivons actuellement, les réactions et les mécanismes de défense varient. La plupart d'entre nous, sinon nous tous, ressentons un certain degré d'incertitude, nous nous inquiétons pour leur santé et celle des autres. Mais nous devons accepter que les humains réagissent ainsi à la menace et à l'isolement, et limiter notre vulnérabilité à l'anxiété en libérant une partie de notre « espace mental », si vous voulez, pour y laisser exister des questions que nous pouvons contrôler.




Shihan, où en êtes-vous avec votre thriller avec Edward Norton ? Et, par ailleurs, quels sont vos prochains projets cinématographiques ?


Bien que les chances qu'une telle opportunité se présente soient assez minimes pour un jeune cinéaste comme moi, cela reste une de mes grandes aspirations – que j'espère réaliser un jour. Son rôle dans Fight Club est de loin mon préféré, et la façon dont il attire la sympathie du public pour son personnage jusqu'à l'acte final est exactement le genre de narration qui m'inspire.



Une courte déclaration décrivant votre vision du cinéma post-Covid, pensez-vous qu'il y aura des changements notables ?


Cette pandémie a bien sûr suscité des inquiétudes à grande échelle quant à l'avenir des arts. De nombreux gagne-pains sont directement le fruit des arts de la scène et des arts visuels. Je pense que le format hybride de visionnage des films aujourd'hui, avec l'essor des plateformes OTT, combiné aux grandes salles de cinéma qui présentent des films à fort concept ou à gros budget, a permis de raconter beaucoup plus d'histoires qu'auparavant.


Le changement le plus remarquable à mes yeux, est que la pandémie a mis les cinéastes face à un spectateur qui a le luxe de décider où regarder n'importe quel film, à n'importe quel moment. Si cela a pu entraîner un changement dans la dynamique financière des grands studios, cela donne également aux cinéastes indépendants et aux petits studios de nouvelles plateformes pour présenter leur travail.









BIO

Shihan Shoukath

Scénariste & Réalisateur





Shihan Shoukath est un cinéaste basé à Dubaï, aux Émirats arabes unis. Shihan dirige son agence de production indépendante à Dubaï, et s'associe à des productions cinématographiques indépendantes voisines à Dubaï. Shihan puise souvent des idées pour les personnages de ses films dans ses diverses expériences à Philadelphie, où il a vécu pendant sept ans, à Dubaï, ville d'immigrants et melting-pot, et en Inde, son pays d'origine.


Shihan fait ses débuts de réalisateur avec "DEADLINE".

Tourné en une nuit, le film est basé sur trois années de recherche intensive sur la santé mentale et le syndrome de stress post-traumatique. Shoukath a réalisé des micro-courts métrages étudiants tels que "Anybody There ?" et "TENSHI" en 2018, qui a été choisi par divers festivals de cinéma et a été nommé finaliste au Gagarin.Doc International Student Film Festival. Son rêve est de coordonner un jour un thriller avec Edward Norton, et il se concentre actuellement sur la construction de son corpus de travail en tant que réalisateur. Shihan est passionné par la présentation de nouveaux films, vidéos et scénarios indépendants de tous genres.





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