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INTERVIEWS

INTERVIEW AVEC GYÖM GO, RÉALISATEUR & PRODUCTEUR DE "CHANGE"

Award Winner - Édition Juin 2021

. Best Song





BIO


GYÖM GO

RÉALISATEUR & PRODUCTEUR


Bill Mudge, Director & Co-Producer

GYÖM GO


Gyöm Go a fait ses armes à Toulouse dans le sud de la France : son père lui offre sa première guitare en 1992, puis Gyöm affirme sa carrière d'artiste en obtenant une licence de musicologie en 2005, et un diplôme d'études musicales Jazz au Conservatoire de Toulouse, en 2006.


Il explore ensuite la musique sous diverses formes pendant dix ans, tout en s'initiant à la photographie et en développant son goût pour les arts visuels.

Il voyage au Guatemala en 2014, puis s'installe à Barcelone la même année : deux lieux qui auront une influence déterminante sur son univers esthétique, visible notamment avec la création d'une série de vidéos inspirées par la dynamique urbaine grouillante de Barcelone.


C'est en 2016 qu'un tournant s'opère : mêlant musique et vidéo, Gyöm Go commence à illustrer avec ses propres images les émotions qu'il exprime dans sa musique, pour créer des vidéos musicales qui procurent au spectateur une expérience complète.








INTERVIEW



Bonjour Gyöm Go, votre note d’intention explique que vous ne faites “pas de la musique pour illustrer des vidéos, ni des vidéos qui illustrent (ma) musique". Pouvez-vous nous expliquer comment vous avez articulé cela ?


Je fais de la musique depuis des années, mais je me suis frotté à un logiciel vidéo pour la toute première fois en 2016, avec un ami monteur. J'ai vu que comme avec les logiciels de musique, il s’agissait de traiter des segments sur une ligne chronologique. Donc peu après, je me suis lancé dans Premiere Pro avec du matériel vidéo et musical que j'avais sous la main, en montant au hasard, comme un enfant avec un nouveau jouet !


J'ai tout de suite aimé la relation entre le rythme et la dynamique de la musique, et le mouvement et la dynamique des images. À partir de là, j'ai su que je voulais créer des vidéos où je travaillerais en parallèle sur la musique et les images en leur accordant le même niveau d'importance.


Donc rien du genre "Eh, illustrons ma chanson avec une vidéo !” Mais plutôt “Eh, créons un morceau où la musique et la vidéo racontent une histoire ensemble.”





La chanson et la vidéo ont été réalisées entre 2017 et 2018. Mais vous avez choisi de ne pas les sortir avant 2022. Ce genre de "timing" est assez rare de nos jours. Quel est votre point de vue sur les nouveaux médias et leur impact sur le flux des sorties, dans le son comme dans l’image ?


Les nouveaux médias permettent aux créateurs beaucoup plus de réactivité pour les sorties de leurs projets (vidéo, musique, etc.), réduisant considérablement l'intervalle entre le moment de la création et celui de la diffusion. Cependant, il est important d'être à l'écoute du rythme spécifique dont un projet a besoin, au lieu de se précipiter parce que le marché vous y pousse. Lorsque je crée, je suis dans un espace-temps où personne excepté moi-même ne peut me donner de délai. Dans une atmosphère d'immédiateté toujours plus grande, nous oublions parfois de prendre le temps.


CHANGE n'était pas destiné à devenir ce qu'il est. Tout a commencé lorsque j'ai rencontré la chanteuse Tiffany au travail en 2017. L’idée était simplement de s'amuser en faisant de la musique. Mais, une fois la chanson produite, j'ai senti le potentiel de ce que nous avions fait et l’envie de tourner un clip vidéo avec une histoire que j'écrirais m’est venue, alors que d'habitude j'aime plutôt réaliser mon montage à partir d'images glanées ici et là.


Il m'a fallu environ un an pour tout préparer : écrire le storyboard, chercher des lieux de tournage, trouver des participants, établir les parties financières et matérielles, etc. Nous avons tourné à Barcelone les 20, 21 et 22 avril 2018. J'ai ensuite pris le temps de laisser mûrir l'idée avant de commencer le montage ; de plus, j'apprends la vidéo en autodidacte et je savais que je devais améliorer mes compétences techniques pour atteindre le niveau d'exigence que je m'étais fixé pour CHANGE.


En 2021, je m'y suis remis avec l'intention de terminer le projet et de le présenter à des festivals. CHANGE est actuellement inscrit à plusieurs festivals, jusqu'en 2022. Je sortirai la vidéo ensuite.

Dans un contexte de pandémie, doublé d'une urgence climatique, que pensez-vous de votre rôle de créateur au sein de sociétés traversées d’anxiété ?


Je ne dirais pas que les créateurs ont spécifiquement un "rôle", mais plutôt un impact, positif ou négatif, plus ou moins malgré eux, sur les spectateurs/auditeurs dans leur vie quotidienne. L'art est une source importante de plaisir quotidien pour beaucoup d'entre nous, qui agit en quelque sorte comme une thérapie qui aide à mieux gérer le quotidien, que l'on traverse des moments difficiles ou non.


Ainsi les créateurs proposent un contenu qui, selon moi, revêt une importance majeure dans la vie des gens, quel que soit le contexte et en ce sens, oui, ils ont un rôle important en tant que combattants de l'anxiété, dans les sociétés de tous les temps probablement.


Dans le contexte actuel de pandémie et d'urgence climatique, ce rôle est peut-être plus important que jamais. En tant que créateur, si mon travail peut d'une manière ou d'une autre apporter de bons moments aux gens et les aider à combattre l'anxiété et à se sentir mieux, je serai très heureux !





Les danseurs connaissaient-ils l'histoire lorsqu'ils ont créé leur chorégraphie ? Quelle était votre vision initiale du mouvement, par rapport au morceau et à l'histoire ?


Les danseurs ne connaissaient pas tous les détails ; ils avaient juste la chanson pour travailler. Nolwenn (personnage féminin principal) connaissait les détails et était chargée d'écrire la chorégraphie et de diriger les répétitions. Tout ce que je savais, c'était que je voulais que la chorégraphie soit une extension de ce qui se passe d'abord entre les deux personnages principaux qui se rencontrent par la danse.


Ensuite, j'ai totalement laissé à Nolwenn le soin de créer les mouvements que la chanson lui inspirait. Je verrais ensuite comment utiliser cela dans le montage vidéo; je me suis dit : quoi qu'il en ressorte, ce sera un matériau cool avec lequel travailler !





Y a-t-il, selon vous, des qualités spécifiques qui font qu'une œuvre d'art résonne universellement, au-delà des barrières potentielles que la langue ou la culture peuvent ériger ?


Oui, absolument ! Mais il n'est pas facile de les détailler. D'abord, je dirais que le niveau de sincérité dont un artiste infuse sa création compte énormément, car je pense que les gens sont, consciemment ou non, très réactifs à cela.


Ensuite, selon la culture, les codes peuvent être différents pour exprimer des choses similaires; cependant, l'art consiste à exprimer des émotions et il y a des œuvres qui, d'une certaine manière, vous parlent directement, par empathie : ça marche quand ça touche quelque chose qui résonne en vous, une émotion que vous reconnaissez ou à laquelle vous pouvez vous fier en tant qu'être humain, comme la douleur ou la joie, par exemple.


Mais il y a ce petit truc qui se passe dans certains morceaux, que vous ne sauriez pas comment expliquer, cette "magie" qui n'a rien de rationnel, sur laquelle aucune science ne pourra jamais théoriser (heureusement). Et je pense que c'est la "qualité" la plus importante qui peut faire qu'une œuvre d'art résonne universellement (donc en d'autres termes, je n'ai pas la moindre idée de ce que c'est !)


Être à la fois le compositeur, le réalisateur, le monteur, le producteur et même plus, d'un projet : plus de liberté, ou plus de contraintes ?


Ahh ! Bonne question... sans l’ombre d’un doute les deux ! C'est une contrainte, c'est sûr, de s'occuper de plusieurs aspects du processus de production vidéo, car cela impacte votre capacité à vous concentrer sur un domaine spécifique pour lui donner plus de chances d'être bien produit.


D'un autre côté, cela donne beaucoup plus de liberté au créateur pour atteindre la "chère" vision artistique qu'il a en tête et lui donner vie. Mais au final, cela dépend du type de projet, de la personne avec laquelle vous collaborez, etc.


Pour CHANGE, c’était clair pour moi que j'allais couvrir les rôles que j'ai couverts. Pour les projets à venir, j'aimerais vraiment étendre les collaborations, travailler avec des personnes expérimentées dans leur domaine. Je ne veux pas m'en tenir à un seul modèle de toute façon et j'aime beaucoup l'idée d'avoir des rôles différents d'un projet à l'autre.





Quelle est votre vision de l'avenir du cinéma ? Et celui de la musique ?


Mon cerveau ne sert à rien lorsqu'il s'agit d'imaginer ce que pourrait être l'avenir de l'art.

Je peux dire que je suis effrayé par la mondialisation opérée par le capitalisme, qui fait que l'art ressemble de plus en plus à un produit standard de marketing plutôt qu'à une création artistique sortant librement de l'esprit de quelqu'un.


Aujourd'hui, il est plus facile que jamais de générer du contenu, grâce à des outils dédiés et conviviaux par exemple, ce qui permet à des idées fraîches et innovantes d'émerger en permanence, avec de plus en plus de personnes capables d'exprimer leur créativité, pour le meilleur ou pour le pire, mais avec un nombre pertinent et croissant de créateurs indépendants qui font contrepoids à la standardisation dominante.


Ainsi, même si je n'ai pas une vision claire de l'avenir de la musique ou du cinéma, je suis plutôt confiant dans le fait que les sources de création ne sont pas près de tarir, et que de nouvelles choses sont toujours à venir. Je ne crois pas au fait que "tout a déjà été fait", qui n'est qu’un sentiment humain typique, comme le concept du "c'était mieux avant"...


En fait, j'adorerais être envoyé quelques jours dans le futur, par exemple dans 100 ans, pour découvrir ce que feront les créateurs, je trouve cette idée très excitante !


Quelle est votre vision de l'industrie musicale post-Covid, pensez-vous qu'il y aura des changements significatifs ?


Je pense que la situation va progressivement se normaliser pour que les choses redeviennent "comme avant" dans le secteur de la musique. Cependant, nous avons vu davantage de créations engagées dans la cause de l'environnement depuis le début du covid. La situation a sensibilisé de nombreuses personnes, cette tendance devrait donc se poursuivre dans les années à venir.




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